David Mesguich
Du 22 mai au 03 juillet 2010 à la Galerie Raymond Banas
David MESGUICH [Peinture – Paris]
HUMAN MERCHANDISE
« Ce travail débute par un parcours urbain. Muni d’un appareil photo et d’une carte de transport, je sillonne les artères de la ville, n’utilisant que hasard et obstacles pour me guider. Autours de nous, barbelés, grillages, caméras conditionnent. Signalétiques et publicités participent à un vocabulaire nous intimant quoi faire et quoi penser. Cette surexposition me conduit à ne plus voir les messages eux-mêmes mais davantage ce qu’ils masquent, un espace public à l’esthétique de plus en plus carcéral. Pourtant il y a de la beauté dans cette tristesse ; c’est aussi ce que je tente de saisir. Je cherche dans mes prises de vues ce qui ne m’apparaît plus au premier regard, j’en arrive presque à aimer ce qui m’oppresse et c’est ce paradoxe qui m’intéresse le plus. Un attrait ambigu comme chercher des raisons d’aimer lorsque l’on arrive plus a les voir. C’est par le dessin à l’encre que je développe ces réflexions à l’aide d’outils provenant de l’univers du nettoyage industriel et de la construction. Mes compositions sont des architectures, des assemblages de traits ne servant que leur sens. Il ne s’agit pas de montrer l’envers du décors, mais au contraire l’endroit à travers son aspect le plus brut. »
David MESGUICH
À propos du travail de David MESGUICH
« Le travail de David Mesguich n’a rien d’artificiel ni de surfait. Il s’inscrit dans le prolongement direct d’une histoire et d’une façon de vivre. Il porte un regard sur nos villes-mondes, et sur la façon dont peut s’y construire une pensée, une identité, une existence autonome, une parole poétique.
Nous ne sommes pas là devant une logique de refus, une volonté de rejeter un univers dans lequel on se trouve, de toute façon, toujours déjà pris. Il s’agit au contraire de s’y glisser, d’en longer les failles, d’en suivre les artères, d’en explorer les plis.
Il s’agit de faire vivre le mouvement d’un œil qui ruse avec les objectifs des caméras de surveillance, qui défie les modes de contrôles et qui cherche à ouvrir les perspectives d’une vision singulière .
Cela passe par toute une méthodologie de l’image, entre graphe, photographie, vidéo, dessins-peintures à l’encre.
Ici la photographie joue le rôle de matrice, une immense collecte d’instants et de situations dans laquelle pourra se puiser les formes, les ouvertures de l’espace, les fuites de la lumière, la transparence des vitres et des ombres qui vont nourrir non seulement un imaginaire de la postmodernité, mais aussi un travail de construction et de représentation qui s’adosse avec intelligence à l’histoire de la peinture et du cinéma. »
Jean CRISTOFOL