LETTRE
Après deux saisons construites respectivement sur le thème de la mémoire puis sur celui de la matière, cette année le comité de programmation vous propose un passage au signifiant, sous le signe de la lettre :
six artistes viendront marquer l’espace de la galerie Raymond Banas de leurs écritures particulières, à votre adresse.
Lettre de rappel : les sculptures de Joseph Stefan Wurmer sont restées confinées dans la galerie depuis le 14 mars 2020, au lendemain du vernissage de l’exposition. Vous pourrez donc enfin les rencontrer comme elles le méritent, en prenant tout votre temps. Joseph Stephan Wurmer est l’un des rares sculpteurs sur bois en Allemagne à travailler – et ceci depuis trente-cinq ans – de façon non figurative. Il vénère son matériau, le bois, et veille à maintenir son rendu naturel dans la lecture qu’il nous en propose. Il tronçonne, creuse, invente, enlève couche par couche, lame par lame, pour nous faire découvrir l’âme de la nature.
Lettre cachée : l’étymologie du mot « livre » renvoie à liber, à la pellicule située entre le bois et l’écorce, sur laquelle on écrivait. YRAK, mosaïste-carreleur passé par le graffiti, confie s’être libéré de celui-ci pour enfin s’épanouir sur la toile. « Toutes mes compositions contiennent les lettres Y, R, A et K » explique l’artiste. « Mais elles sont ici agencées à l’envie, en laissant parler mon inconscient… » Dans ses oeuvres l’abstraction géométrique est mise au service de chromies issues de l’American Pop Movement, ainsi que d’un impressionnant travail sur la ligne-claire.
Lettre calligraphiée : c’est à travers le graff que David Soner découvre sa véritable vocation et commence à déposer son « blase » dans les rues de Metz. Privilégiant l’esthétique, il change de support et passe au graphisme en professionnel. Pour lui, le nom cache plus de travail qu’on ne le soupçonne généralement. Son obsession de la signature l’a conduit à la calligraphie. Son style est alors influencé par la calligraphie arabe. C’est cette facette de son oeuvre protéiforme que David Soner nous dévoile : délicatesse et précision du trait témoignent de son expérience ainsi que de la subtilité de ses choix de couleurs.
Lettre en souffrance : célébrant le sept-centième anniversaire de sa mort, l’année 2021 sera consacrée
au « poète suprême », Dante Alighieri. Nous accueillerons donc les dessins de Corinna Smok et les sculptures de Clemens Heinl, une exposition commune et itinérante, pour une double évocation des cercles de l’Enfer de
la Divine Comédie : les « noirs dessins » au fusain de Smok sont créés sur le sol, invitant par un travail intense et puissant à une plongée vers les abîmes, tandis que Heinl « attaque » ses blocs de bois directement et intuitivement avec la tronçonneuse afin d’en extraire les figures tourmentées qui s’y trouvent.
Lettre d’un ami : « Je vis et peins à Metz, en Lorraine. C’est ma seule activité. Ma peinture s’enroule autour
du mot. Chaque tableau porte un mot-titre différent.
Il y a eu les péchés capitaux, des fleuves, des personnages, des adjectifs, des substantifs, de l’anglais, de l’espagnol. Une recherche tous azimuts pour faire vivre une idée simple : peindre un mot comme l’on peindrait un portrait ou un paysage. Tenter par la non-figuration de peindre sa part d’indicible. »
Alain Galaup fut également le talentueux commissaire d’exposition de la MCL depuis 2003 voire même pour certaines expositions depuis 1998. Il a permis à notre galerie d’art de rester un lieu d’exception et d’exigence grâce au regard affûté et contemporain qui était le sien, tant dans les domaines artistiques que sociétaux.
Il nous a quittés le 28 aout 2015.
Nous lui rendons hommage à travers cette exposition.