Calendrier des expositions
2021/2022
“SCRATCH!”
Lors du confinement la MCL a su maintenir, au prix de beaucoup d’efforts, des expositions au sein de la galerie Raymond BANAS. Nous avons tenu nos engagements malgré les turpitudes et les reports. Après le “CRASH!” Covid, cette nouvelle saison s’ouvre par un “SCRATCH!”
SCRATCH! pour l’arrachement de quelque chose de collé, confinés que nous fûmes par le réel de la pandémie, dans l’attente d’un appel d’air… et scratch* pour une relecture des thématiques précédentes – matière et lettre – à l’aune de cette nouvelle programmation, conçue d’une manière résolument spiralaire.
Introduction : Shebam! Pow! Blop! Wizz! Comme la chanson Comic Strip de Serge Gainsbourg, la matière explosive des toiles de Thomas AGRINIER fait bondir l’esprit et se trémousser le coeur. Éclaboussures, empreintes, taches, traces, coulures, couleurs! Ses images palpitent. Le bal des formes génère des impressions d’épiphanie et d’apparition : une flaque se fait pieuvre, une chevelure, anémone, les métamorphoses abondent, dans cet univers peuplé de formes souples défiant l’apesanteur. Elles dialoguent avec des modules graphiques géométriques, repères fixes donnant aux compositions une stabilité impressionnante. S’il est ici question du chaos, il s’agit aussi, magistralement, de son orchestration.
Retour à la ligne : l’étymologie du mot « livre » renvoie à liber, à la pellicule située entre le bois et l’écorce, sur laquelle on écrivait. YRAK, mosaïste-carreleur passé par le graffiti, confie s’être libéré de celui-ci pour enfin s’épanouir sur la toile. « Toutes mes compositions contiennent les lettres Y, R, A et K » explique l’artiste. « Mais elles sont ici agencées à l’envie, en laissant parler mon inconscient… » Dans ses oeuvres l’abstraction géométrique est mise au service de chromies issues de l’American Pop Movement, ainsi que d’un impressionnant travail sur la ligne-claire.
Ouvrez les guillemets : « Je vis et peins à Metz, en Lorraine. C’est ma seule activité. Ma peinture s’enroule autour
du mot. Chaque tableau porte un mot-titre différent.
Il y a eu les péchés capitaux, des fleuves, des personnages, des adjectifs, des substantifs, de l’anglais, de l’espagnol. Une recherche tous azimuts pour faire vivre une idée simple : peindre un mot comme l’on peindrait un portrait ou un paysage. Tenter par la non-figuration de peindre sa part d’indicible. »
Alain Galaup fut également le talentueux commissaire d’exposition de la MCL depuis 2003 voire même pour certaines expositions depuis 1998. Il a permis à notre galerie d’art de rester un lieu d’exception et d’exigence grâce au regard affûté et contemporain qui était le sien, tant dans les domaines artistiques que sociétaux.
Il nous a quittés le 28 aout 2015. Nous lui rendons hommage à travers cette exposition.
Points de suspension au-dessus du gouffre : Jérôme BOREL “peint des tableaux abstraits avec des motifs figuratifs” semblant légèrement s’évanouir dans le sfumato qui les aspire… Lorsque des personnages sont présents, ils semblent chercher quelque chose, une direction ou plutôt un sens, à l’intérieur même du tableau. Celui-ci nous donne la sensation d’observer un univers parallèle, un monde dans le monde, dont les règles logiques nous échappent. Nourri de références historiques, artistiques et littéraires, c’est parfois le titre des peintures qui nous apporte une clef de compréhension de l’espace qu’elles nous ouvrent.
Coda : Allusion ironique au Hortus Conclusus de l’iconographie chrétienne, les Hortus Convulsus (jardins tordus) du peintre allemand Bodo ROTT sont essentiellement basés sur des illustrations scientifiques de la Renaissance et proviennent donc d’une épistémologie où il n’y avait pas de ligne de démarcation nette entre le factuel, le fantasque et le fantastique. Rott lui-même a décrit son travail en plaisantant à moitié comme “papier peint en plastique”. En échange direct entre la surface du tableau et le peintre, qui doit alors improviser, tous les éléments émergent brusquement, se déplacent sans arrêt en vagues terreuses et gonflées et sautent même de la surface grâce à diverses techniques illusionnistes. Leur musicalité rythmique n’est pas sans rappeler le jazz. Pour les yeux de ceux qui errent dans cette jungle de motifs individuels convulsifs, des découvertes surprenantes peuvent être faites.
* Scratch : procédé consistant à modifier manuellement la vitesse de lecture d’un disque vinyle alternativement en avant et en arrière, pour donner un rythme nouveau à cette modulation.