Être au monde
Quelle raison d’être au monde pour notre galerie d’art ? Être à la fois un lieu ouvert de monstration invitant à la rencontre d’artistes contemporains ET un espace plus intime de résonances intérieures face aux œuvres exposées. Un espace actuel singulier, entre raison et réson, propice à la conversation plutôt qu’à la conservation. Animés de ce désir nous vous invitons à venir découvrir les travaux de neufs créateur(e)s. Chacun(e) à sa manière témoigne d’un « être au monde », d’une volonté de relancer la partie d’un coup de dé, trouer le voir et le savoir par les mots, questionner l’énigme de l’humain, mettre à mal la sidération dont nous pouvons être l’objet face à ce qui arrive parfois de plus brutal et d’effarant au quotidien… ou se faire la malle!
Alain Galaup :
« Je vis et peins à Metz, en Lorraine. C’est ma seule activité. Ma peinture s’enroule autour du mot. Chaque tableau porte un mot-titre différent. Il y a eu les péchés capitaux, des fleuves, des personnages, des adjectifs, des substantifs, de l’anglais, de l’espagnol. Une recherche tous azimuts pour faire vivre une idée simple : peindre un mot comme l’on peindrait un portrait ou un paysage. Tenter par la non-figuration de peindre sa part d’indicible.»
Alain Galaup fut également le talentueux commissaire d’exposition de la MCL depuis 1998. Il a permis à notre galerie d’art de rester un lieu d’exception et d’exigence grâce au regard affûté et contemporain qui était le sien, tant dans les domaines artistiques que sociétaux.
Il nous a quittés le 28 août 2015. Nous lui rendons hommage à travers cette exposition.
Mathias Otto :
Mathias Otto nous conduit à travers ses toiles vers des pièces sombres ou vers des endroits peu éclairés de notre vie quotidienne. L’apparition de l’obscurité est toujours une intrusion de la nature dans notre vie contrôlée, claire et nette. Des lieux banals se transforment en espaces remplis de tension et les souvenirs et les peurs oubliés depuis long- temps apparaissent à la vue. La mort et les ténèbres sont les quelques restes de la nature que nous ressentons à travers la fine peau de la civilisation. Nous essayons de contrer cette obscurité par un flot de lumières dans tous nos habitats et ne réalisons pas que cela nous éloigne encore plus de la nature et de
sa beauté.
Sylvie Guillaume :
« Les Visages de la ruralité » est le fruit d’un projet photographique (initié dans le pays du Lunévillois) à la rencontre des jeunes générations des campagnes du Grand Est, observant la nature des liens qu’elles entretiennent avec leurs lieux de vie. Sylvie Guillaume révèle ces multiples visages en quête d’émancipation et de nouvelles perspectives : une aventure humaine avec une jeunesse au plus près de sa respiration, de ses élans et de son environnement. Un récit d’histoires singulières à la lisière d’un eldorado dont les nuances ternies façonnent un paysage encore en vie. Une volonté de regarder autrement ce qui est invisible à l’œil nu pour assister à l’apparition d’un lieu trouble mais moins obscur et en même temps plus conforme à ce territoire empreint de sentiment, de symbole et de langage.
François Bard / Richard Butler / Dayron Gonzalez / Julien Grayzely / Jérôme Lagarrigue :
Suite à l’exposition “Jérôme BOREL” l’an passé, nous poursuivons notre partenariat avec la Galerie Olivier WALTMAN (Paris-Miami) d’une manière inédite puisqu’il s’agit de notre première exposition collective ! Les personnages privés de regards des toiles claustrophiles de François BARD, conciliant abstraction et figuration, côtoient les portraits-autoportraits brouillant toute distinction entre tradition et pratique contemporaine de Richard BUTLER (fondateur et chanteur du groupe anglais The Psychedelic Furs) ; les peintures-palimpsestes de Dayron GONZALEZ (dans lesquelles il s’essaie à créer de nouvelles histoires à partir d’images collectées dans la rue ou sur internet) font face aux figurations mystérieuses “à la note jaune” de Julien GRAIZELY – où les corps, par des effets de superposition des motifs et des matières, se croisent entre présence et absence continuelles – et aux portraits charnels de Jérôme LAGARRIGUE dans lesquels ce dernier creuse dans le très intime : c’est la couleur, devenue matière, appliquée à la brosse, en coulures, bourrelets, reflets, flous… qui rend au sujet représenté une réalité profonde, vivante et complexe.
Vincent Ruffin :
Vincent Ruffin, enfin, peint contre le réel, à l’envers de nos sociétés acharnée de violence. Il peint des paradis suspendus, oubliés du temps. Les corps sont alanguis. C’est presque le silence. Ses tableaux neutralisent le tumulte, les angoisses et la peur. Ils étouffent le bruit des villes. Inventent des lieux de paix, des petits armistices. Tout y est liquide, l’air, les arbres… Tout y est serein et sensuel, en rondeur. La nature se mue en des paysages mouvants et fluides. Des vagues chromatiques, pareilles à une danse, traversent les scènes étalées au couteau. C’est le ciel, les éléments qui tournent autour des hommes et pas l’inverse, c’est un manège. Au milieu des ombres acidulées, Vincent Ruffin peint l’insouciance.
Et ce mot impossible : la douceur.