Calendrier des expositions
2023/2024
Dépaysage
Pour beaucoup d’entre nous notre rapport à la nature a semble-t-il évolué durant la pandémie. Nous fûmes ravis à notre confinement par une attention nouvelle portée au spectacle de son éclosion. Réactivant la conscience de notre précarité, nos fantasmes et projections anthropomorphes fleurirent de plus belle. Source de mieux-être ou déesse-mère vengeresse, intimant l’immobilisme contemplatif ou poussant à l’urgence d’un changement sociétal, entre fusion et affrontement on oublierait presque la totale indifférence à l’humanité d’une nature qui survit à tout, même au génie artistique !
La Galerie Raymond Banas vous invite au dépaysage – une touche d’exotisme dans la langue au passage – en souhaitant vous faire rompre avec vos habitudes. Cette année cinq artistes vous donneront à voir et à éprouver les diverses formes qu’a prises leur sentiment de la nature.
Paysage originel :
« Le cœur des œuvres de Peter Lang issues de ses voyages en Islande est son intérêt pour le paysage original non dénaturé par la civilisation, qu’il interprète dans la peinture, le dessin, l’estampe et la sculpture. Certaines des créations in situ de ce peintre allemand, réalisées à l’aide d’un fil à plomb – une technique picturale unique – virent le jour sur un ancien bateau de pêche, le temps, la houle et les forts courants marins ayant une influence sur ses observations et son processus de travail. Son ami islandais Sigfus Almarsson co-créé les titres des peintures, y révélant des significations sensorielles par des expressions et des formulations typiques, soulignant leur poétique et exprimant son approche authentique du monde islandais avec ses légendes et ses mythes.»
Supernature :
Les peintures de Stephen Peirce décrivent des mondes inconnus composés d’éléments familiers et pourtant inidentifiables. Inspiré par l’astronomie, le cinéma, la bande dessinée et l’inquiétude de la communauté scientifique quant à l’avenir de la planète, Peirce imagine la vie dans un chaos postapocalyptique. A partir des déchets d’une société humaine disparue, une matière s’accumule, se développe et s’organise en formes nouvelles. Le projet démiurgique de l’artiste montre des oeuvres où la matière prend peu à peu conscience de son existence et des ensembles toujours plus complexes , sensuels, troublants et obsédants qu’elle compose : la recherche sans cesse renouvelée d’un aboutissement, la tendance à la pureté dans un cycle sans fin.
Paysage renouvelé :
Afin de délivrer une image neuve de ce réel que tout le monde croit connaître ou reconnaître, et même plus, une émotion neuve naissant précisément d’une perception inattendue, imprévue, Patrick Charpentier a oublié, désappris, pour s’initier lui-même à une expérience, une initiation. De l’atelier au paysage – et retour – il a retrouvé le chemin de création impressionniste : écoulements, métamorphoses par intégration, symbiose, mûrissement, par étapes : on ne dira pas évolution puisqu’il s’agit de mutations mais c’est un procès sans commencement ni fin dont la peinture figure un instant de vie, sans figer le mouvement, pour atteindre une sorte de réalisme renouvelé, une présentation inédite aux antipodes d’une re-présentation stricto sensu.
Paysage-monde :
Karine Hoffman définit sa peinture comme un filtre qui révèle ce qui est tombé dans l’oubli, un endroit étranger à elle-même où surgissent des fragments narratifs et des obsessions personnelles ; la peinture comme monde et comme lieu d’une quête, d’une enquête perpétuelle où l’action est relayée à la marge, faisant place à la fantasmagorie et au jeu. Cryptés, inclusifs, secrets, kabbalistiques, les paysages-mondes de Karine Hoffman contiennent des procédés alchimiques. La translation d’un monde à l’autre annonce un moment de basculement. La représentation ne doit pas être véridique ou authentique : chaque peinture est au contraire un monde autonome, constitué de fantasmes et d’apories. Y opèrent le prolongement d’un rêve, d’une angoisse, d’un trauma, l’impossible quiétude des destinées personnelles traversées par l’Histoire.
Paysages de passage :
Tina Gillen développe une œuvre picturale animée par une recherche toujours renouvelée autour des rapports que nous entretenons avec le monde qui nous entoure, que celui-ci soit construit ou naturel. Ses travaux ont souvent pour point de départ des motifs issus d’images photographiques, qu’il s’agisse d’images qu’elle réalise elle-même, au gré de ses itinérances, ou qu’elle collecte. Elle les modifie, les simplifie, les « traduit » picturalement, les associe à d’autres éléments afin d’aboutir à des compositions qui nourrissent à dessein une certaine ambiguïté. Entre abstraction et figuration, construction et improvisation, surface de la toile et traduction de l’espace, ces univers sous tension nous invitent à une méditation sur la relation étroite qui nous lie à nos lieux de vie et sur le destin commun que nous partageons avec eux.