Cutolo & Claude
Du 17 janvier 2007 au 17 février 2007
« La peinture est un mur, un seuil de profondeur, un signe intérieurement habité par une histoire, un passé, une mémoire, des choses exprimées, d’autres, présentes dans une sorte de non dit.
La peinture d’Anne-Marie Cutolo, ses corps ouverts sont dans cette proximité organique d’un sens, d’une évasion, d’une lointaine intériorité.
La peinture de Fabien Claude est un peu l’envers de cet espace, une page d’écriture portant trace du dehors, d’un inconscient en sa rigueur rattaché à aucune signification personnelle : Les lèvres gercées d’une parole exprimant la terrible patience d’un monde agissant dans une folie d’absence.
Présentés conjointement ces deux types de peintures est un fait d’oppositions, de différences, de désirs, une question par laquelle quelque chose bat sur son envers.
« Notre choix a été de séparer nos deux espaces, de mettre en évidence une sorte de fracture dans la décision de coupler nos deux travaux. Je crois, par cette faille, donner un sens, un relief à notre collaboration.
Dire, exprimer, est aussi une présence de non-dit, une violence de silence dans le choix des mots. Je ne crois pas à l’idée de corps unique. Je vois dans le métissage des différences une sorte d’intolérance, une manipulation du sens fondée sur une espèce de désengagement, de neutralité, une castration de corps, d’origines, de parti pris, sous la confrontation théâtrale d’une guerre de politesse. Séparer nos travaux, dans cette idée de les réunir, est une manière de fendre l’espace entre deux réalités l’une par l’autre désirées.
Le désir est une question de camp, de frontière, de résistance, de corps à corps violemment heurté au moment de la plus grande séparation. Nord sud est notre espace, notre vie, notre rencontre, notre durée, ce dialogue entre nos deux origines respectives. Je ne crois pas que l’écriture, dans sa fonction de tierce personne, ait un rôle de passerelle, de pont. Les liens sont invisibles qui épousent la profondeur de la faille.
La phrase ne conduit pas de l’un à l’autre mais induit ce qui est peut-être un sens commun, un lointain, un horizon sur lequel se profilent nos deux absences. L’écriture, au plus intime, nous éloigne l’un vers l’autre. »