Les villes invisibles
20 janvier > 2 mars 2018
Vernissage : vendredi 19 janvier / 18h30
Entrée libre
Partenariat Galerie in der Promenade, Fürth
PRÉSENTATION SUCCINCTE
Ako Goran (Irakien de Souleimaniye, vivant à Nuremberg en Allemagne) crée des vues de villes en utilisant la technique de collage en papier. Pour lui, les villes sont des lieux idéalisés de rencontre et de convivialité dans notre culture comme dans la sienne. Ses œuvres sont d’une gaieté colorée et bien qu’elles apparaissent simples dans la création, elles sont en contraste par rapport à la réalité de la vie dans son pays d’origine : le Kurdistan du Sud (Irak). Cet artiste met son art en opposition à la guerre et puise son énergie dans la Vie.
«Je transforme en couleurs la douleur que je ressens et que j’ai vécu».
Sa vision de la Vie est admirable car il refuse de voir la noirceur et la souffrance tout en gardant son regard loin devant.
Les œuvres sont principalement constituées de collages de papiers de magazines. Cette technique a été utilisée par l’artiste pour compenser l’absence de peinture en Irak pendant l’embargo entre 1991 et 1998. Il a continué par la suite à produire ses œuvres en collage pour colorer ses villes imaginaires, en allégories à la vie et pour construire et symboliser sa propre résilience aux drames de la guerre et de l’oppression.
AKO GORAN, PAR LUI MÊME
J’avais cinq ans lorsque l’appareil violent de l’État dirigé par Saddam Hussein a assassiné mon père. À ce moment-là, ma mère a pris la responsabilité de la famille. Elle a essayé de nous protéger de la violence et de planter goutte à goutte de la couleur, de la lumière, de la chaleur et les belles choses de la vie dans nos âmes. Les couleurs ont grandi avec moi et ont façonné mes pas, mes activités et mon art. Les bons côtés des rues animées, les maisons en torchis, les portes colorées, les tissus bigarrés et les motifs des tapis, les sourires des travailleurs fatigués rentrant chez eux le soir : tout cela, c’était la famille pour moi.
Plus je grandissait, plus je voyais mon environnement changer. La violence et la guerre s’installaient. Le régime et ses hommes aiguisaient leurs couteaux contre le peuple. Les tirs retentissaient plus forts et les bombes se faisaient plus menaçantes. J’ai décidé d’entrer en résistance, pour protéger l’air frais et les rayons du soleil et pour défendre la culture et l’art. Je descendais dans la rue. Je criais mon désespoir. Trois balles qui sortaient de l’obscurité et qui voulait faire de l’obscurité, m’ont frappé. J’ai eu de la chance – j’ai survécu. Pendant ce temps, les pelleteuses du régime détruisaient les maisons, les murs, les fleurs. Toutes ces destructions ont fait grandir en moi l’énergie du combat. Je continué à me battre. Malgré la faim et de grandes préoccupations existentielles, nous avons créé un groupe avec d’autres artistes. L’Art est devenu notre moyen de résistance. (expos sans moyens sur le froid, la faim. Discussions, animations etc)
Nous voulions montrer la couleur et la beauté de la vie, afin que cela ne soit pas perdus aux yeux des gens de ma patrie. Par nos créations La joie et le calme revenaient aux âmes. C’était ça la tâche de notre groupe d’Artistes. J’ai gardé cette résistance en moi pour toujours. Aujourd’hui je vis en Allemagne depuis environ 20 ans. La vie se déroule tranquillement, mais je garde toujours cette résistance dans mon cœur et le désir de protéger les belles choses que j’ai gardé de mon ancienne vie. Je veux toujours montrer et préserver cette beauté dans mes images. Je ne souhaite pas montrer la douleur. Cette douleur, cette part d’obscurité, je la transforme en moi, la nuit dans mon atelier. Je la transforme en couleurs.
Mais maintenant, ici, en ces lieux européens, où l’art est apprécié et a beaucoup d’importance, les murs ont grandi entre mon art et les gens. Mais je ne vais pas abandonner. Je vais continuer.
La lumière dans mon âme est plus grande que l’obscurité.
Ako Goran