Sergio Morábito
« La fragua de la realidad » (traduction : La forge de la réalité)
Buenos Aires / Peinture
17 mai > 18 juin 2025
Vernissage : Vendredi 16 mai 2025 à 18h30
Partenariat : Galerie Valérie Delauney
Entrée libre
Légende : Les horizons décalés – huile sur toile, 116 x 89 cm – Sergio Morábito, 2024
« Une théâtralité métaphysique, réminiscences d’horizons argentins, comme des objets apotropaïques, je cherche à représenter avec ma peinture la lisière d’un monde qui fait lien entre notre intériorité et le monde externe, entre le monde subjectif et objectif. L’art est une démarche complexe qu’on ne peut enfermer dans un processus logique.
La philosophie et la psychologie des profondeurs, nos systèmes de croyances, les mythes et les religions sont les pierres avec lesquelles je bâtis l’édifice de ma peinture, un outil de réflexion et d’introspection.
Je peins pour être conscient du poids de l’existence et représenter cet univers qui dépasse notre entendement: c’est le moteur majeur qui me pousse à peindre, à donner forme à mes élucubrations poétiques et existentielles.
Principalement à l’huile, je construis la façade de mes tableaux avec une représentation figurative cependant que la charpente est toujours composée de matériaux abstraits.
La taille des tableaux est imposée par l’idée germinale. Le dessin et la sculpture prennent aussi une place importante dans ma démarche, ils font aussi partie du processus avec lequel cet univers peut prendre forme et vie. »
Sergio Morábito, 2024 (lien vers son site : https://sergiomorabito.com/bio/)
La fragua de la realidad – « La forge du réel » – pourrait être le sous-texte de toute l’œuvre de Sergio Morabito. Ce titre symbolise l’espace mental et pictural dans lequel l’artiste travaille et transforme les éléments du monde réel en visions sensibles, énigmatiques, métaphysiques. Dans cette forge silencieuse, le réel est lentement déconstruit puis recomposé par couches successives, mémoire, mystère et émotion, jusqu’à devenir une autre forme de vérité.
Sergio Morábito est diplômé de l’école des Beaux-Arts, Prilidiano Pueyrredon de Buenos Aires. En 2022, il participe au 72ème festival d’art contemporain Jeune Création, à la Fondation Fiminco. Fortement inspiré par les primitifs italiens, ses peintures tissent également un dialogue avec les peintres historiques argentins comme Raquel Forner, Lino Spilimbergo, Antonio Berni et d’autres artistes comme Giorgio de Chirico ou Giorgio Morandi.
Les paysages et les intérieurs de Sergio Morabito évoquent à la fois des mondes cachés mais aussi l’écho lointain de l’histoire de son pays, parfois de ses propres expériences. Comme des réalités ou vérités parallèles, ils invitent le regardeur à une narration qui semble inaccessible sauf à en découvrir les clés par la révélation ou l’introspection. Les statues antiques peuplent des paysages silencieux, les personnages et les objets tantôt du quotidien, tantôt faisant référence au folklore argentin (comme les “Animitas”) dans ses intérieurs, deviennent soudain étranges et interrogent le regardeur sur les liens mystérieux qui les unissent. Le magicien ayant précédé le peintre, la construction de ses compositions, l’architecture et la perspective contribuent à un déplacement dans un lieu énigmatique.
Dans La Tapera (toile et prédelle à la manière d’un retable), le regard absent du personnage alangui au sol est là pour symboliser une vision supérieure, comme une écoute de la voix cachée des choses. Cette œuvre fait référence aux mystères de certaines régions rurales d’Argentine dans lesquelles des manifestations surnaturelles ont lieu ; celles-ci, appelées les « Apparitions » ou encore la « Luz mala », font l’objet de récits folkloriques créant ainsi une véritable mythologie. Inspirée de l’art religieux des primitifs italiens, cette œuvre prend une dimension très contemporaine par la prédelle composée comme des séquences cinématographiques, oscillant entre le fantastique et le thriller, qui permettent au regardeur de ressentir le souffle d’une explication.
Dans Creación de arquetipos, la composition, empreinte d’un clair-obscur rosé surnaturel, joue avec la profondeur symbolique des objets : l’ « Animata » (nom donné aux petites chapelles construites généralement en pierres par les argentins au bord des routes) rappelle une montagne sacrée, l’architecture miniature évoque un théâtre mental, et les gestes précis des personnages suggèrent une genèse métaphysique. L’œuvre explore la naissance des formes premières, des symboles collectifs, ces archétypes, qui structurent à la fois les récits mythologiques et l’imaginaire inconscient.
En conteur de mystères, la peinture de Sergio Morabito nous invite à voyager au-delà de la forme de ce qui est. Quelque chose de plus se dit dans sa peinture, comme une offrande du sensible. Dans cette forge du réel, l’imaginaire devient un outil de connaissance, une clé pour appréhender le monde autrement.
Source : Galerie Valérie Delauney