Sun Mi Kim
Vernissage : vendredi 24 mars / 18h30
On n’est jamais tout seul au monde : A fleur de peau : Au-delà du miroir ?
« Lorsque j’ai eu mon accident, je me suis promenée dans l’espace blanc du coma ».
Cet espace intérieur où apparaissent des silhouettes lumineuses, blanches sur blanc, est devenu la trame de tous les tableaux de Sun Mi.
Elle en colorait les perspectives. Aujourd’hui, elle travaille cet espace blanc, pur, comme une peau sous laquelle pulse le sang, comme une vie-paysage où le fil qui se déplace selon les lieux marque les chemins possibles de l’existence.
Sous le blanc vibrent toutes ses routes qui bifurquent au fil du temps. En transparence se profilent les couleurs potentielles des énergies qui donnent ses contours à la vie.
La poupée a grandi avec l’enfant et lorsque l’enfant a cessé de grandir la poupée a continué.
Sun Mi Kim commence une nouvelle vie loin de son pays natal. La rupture est certaine mais le lien demeure.
Sun Mi est coupée en deux, une partie d’elle-même est restée là-bas dans la lointaine Corée, une autre est là en France et commence une nouvelle vie, apprend une langue étrangère, découvre une autre culture où le pain remplace le riz.
Sun Mi découpe sa poupée en deux et relie ses deux parties par des fils extensibles. Les spectateurs tirent sur les fils. La poupée est devenue plus grande que la femme.
La taille est devenue symbolique car ce n’est pas parce que l’on cesse de grandir qu’on ne devient pas plus grand. C’est grâce aux autres que l’on grandit un peu plus chaque jour.
Les fils dans l’œuvre de Sun Mi symbolisent la relation aux autres et à l’univers.
C’est pourquoi ils marquent le monde de Sun Mi qui à plusieurs reprises s’est retrouvée dans le coma entre la vie et la mort reliée à des machines, reliée à l’existence par les fils très visibles d’une salle de réanimation.
Les fils et les gouttes de pluies de la grotte où elle s’était réfugiée avec ses parents et sa sœur en Corée sont les éléments fondateurs d’une œuvre humaniste et optimiste où les êtres et le cosmos résonnent en harmonie.
D’une étoile à l’autre, d’une toile à l’autre, d’une femme à l’autre passe un fil de soie rouge. Le rouge et le vert. Parfois le blanc, un coquillage ou une mariée, une mariée trop blanche éclaboussée de rouge mais toujours dans cette œuvre qui parfois rejoint l’abstraction lyrique, une géométrie rigoureuse comme si la vie n’était pas hasard mais karma. Une touche de noir.
Pluie et transparence, spiritualité, sur les chemins de la création, au-delà du miroir, il y a l’autre, la poupée qui ne cesse de grandir tandis que Sun Mi ne cesse de peindre.
Lélia Mordoch
Légende : La Fontaine : un souffle, 2015 Poudre de marbre et pigments 100 X 100 cm
En partenariat avec la galerie Lelia Mordoch – Paris