Youcef Korichi
Du 07 mars au 30 avril 2009 à la Galerie Raymond Banas
Gestuelle, impatiente, mnémonique, telle est la peinture de Youcef Korichi. Faite de rapports, de rappels et de mémoires, elle abandonne la re/présentation pour lier diverses rémanences, reliquats (personnes ou objets aperçus, morceaux de peinture). Faire image sans doute, une image qui nous fixe, nous interroge plus qu’elle ne semble vouloir expliquer ou illustrer.
Le dispositif (cadrage, contraste) et la dialectique mise en place entre la forme et le fond cherchent à représenter des zones vierges de définitions. Une tentative de dépasser l’écueil du nommable et du clairement défini. Une aventure trouvant sa justification dans la découverte de nouveaux territoires ou plus exactement dans des terrains confus ou brouillés dont nous soupçonnons l’existence. Une compréhension intuitive et muette de notre condition qui cherche à mettre en lumière un monde sourd à nos questionnements.
Les toiles sont à la fois imprégnées de l’actualité dans ce qu’elle peut avoir de plus absurde (posture d’attente, figures en déséquilibre, silhouettes menaçantes…) et nourries d’une relecture de thèmes mythologiques (Suzanne au bain, Diane chasseresse, Actéon…). Tout semble demander : victimes ou bourreaux ? Coupables ou innocents ? Point de réponse. Ce constat des conflits, du désenchantement politique, sert de base à une interrogation sur l’être en soi (sa solitude en particulier) et sur ses motivations réelles (désir de pouvoir et de domination).
Les réserves, les empâtements, les glacis et les accidents font ressortir tel ou tel détail qui participent pleinement à l’évolution de l’œuvre. Le véritable objet semble être la recherche d’une adéquation juste entre l’écriture et le sujet traité. Il faut sans doute parler ici d’un “surgissement” à travers les confusions et les brouillages de la peinture.
Les mouvements de matière font surgir une forme, traitée rapidement comme par peur de la perdre. Prise dans un moment décisif, un temps suspendu, elle tente de s’imposer et de perdurer dans l’informe et dans la dissipation.