aurélie amiot
Aurélie Amiot
21 MARS > 07 MAI 2015
VERNISSAGE VENDREDI 20 MARS : 18H30
Dessins, gravures et céramiques
Mettant en évidence la variété de son talent et de ses savoir-faire, l’exposition d’Aurélie Amiot constitue un monde merveilleux dans lequel la pluralité des formes et des images n’est pas sans générer, en même temps qu’une évidente euphorie, une légère inquiétude. Voyez cet appétissant buffet de pâtisseries placé en guise d’accueil. Intitulé Mise en bouche, il semble pérenniser les fastes d’on ne sait quel banquet mythologique. Quelle belle promesse gourmande ! Malheur, pourtant, à qui serait tenté d’y planter la dent : ces petits gâteaux sont un leurre ; leur farine est de terre crue. Le palais enchanté de l’artiste n’est pas fait de pain d’épice et de sucre !
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À y regarder de près, chaque pièce présentée ici ne capte l’attention qu’afin de faire dévier la pensée et d’égarer la raison. À peine y a-t-on jeté un œil que le piège s’est déjà refermé. Telle la Circé de l’Odyssée, Aurélie est magicienne. Séjourner dans son domaine ne va pas sans danger. La sensualité des matières – ces glacis délicieux, ces striures mystérieuses, ces densités généreuses – recèle quelque poison. Qu’importe, puisque le charme opère !
Ainsi pour Les Insexes, selon le nom donné par l’artiste à une série de dessins couleurs de désir : rose et noir. À première vue, l’aspect en est aimable, un peu humoristique même ; mais, attention : la petite bête nichée au fond de la culotte est hérissée de bec et de griffes et… qui s’y frotte s’y pique.
Aurélie Amiot travaille avec assurance. Son trait est ferme, ses formes abouties. Elle exerce toute sa vigilance à contrôler la facture des objets qu’elle produit. Dans le même temps, la parfaite maîtrise du médium libère en elle une fantaisie débridée. Dans les profondeurs lucides de ses intuitions ludiques, infuse le léger trouble d’une sensualité décomplexée.
Lorsqu’elle grave méticuleusement sur le linoléum le mot indésirable, Aurélie Amiot centre son attention sur le cœur du signifiant et c’est « désir » qui s’imprime dans l’œil du regardeur. De la même façon, les lettres « résist » s’échappent du carcan d’irrésistible. Freud a raison de dire que l’inconscient ne connaît pas la contradiction ; les images exposées ne disent pas autre chose. Dans ce jeu avec le langage, seules les polices sont policées. Comme ces caractères qui composent les mots doux de Correspondance : leur délicat relief est imprimé ou, plus exactement, gaufré, de manière à ne révéler son secret qu’à la faveur d’un jeu de lumière rasante.
Entourées de dessins à l’encre de Chine où l’imagination s’égare, entre le vide et le plein, dans d’étranges paysages plus ou moins abstraits (l’ambiguïté est, décidément, le statut privilégié de ce geste artistique), deux céramiques de belle taille, énigmatiques telles des sphinx, achèvent de stupéfier le spectateur. Ces sculptures n’ont pas de nom. Les nommer précisément n’aurait fait que dissiper la précieuse inquiétude dont il était question au début de cette brève tentative de description. Monstres de terre cuite, ils nous intriguent plus qu’on ne saurait dire. Reptation animale ou prolifération végétale, leur mouvement, qu’un charme a provisoirement figé dans la matière inerte, reste étonnamment vivant. Il ne réclame, de toute évidence, qu’à reprendre sa croissance pour envahir nos rêves.
Olivier Goetz
J’aime les images des histoires qu’elles soient réels ou fictives, les romans de Yoco Ogawa et de Milan Kundera, Pascal Brutal, les voyages, la forme des insectes, les métamorphoses et certains instants du quotidien.
Je développe des recherches dans le champ des arts visuels, avec un intérêt particulier pour le papier, autour de techniques d’impressions diverses, du dessin, de l’édition…
C’est à travers ces pratiques et mon engouement pour la création graphique contemporaine qu’est née la galerie Modulab, membre fondateur du réseau LORA (Réseau d’Art Contemporaine Lorrain). Depuis mars 2011, je suis responsable de la programmation artistique et projets de la galerie associative Modulab, combinant atelier d’impression et galerie d’exposition. Et depuis 2 ans, professeure d’enseignement artistique à l’École Supérieure d’Art de Lorraine (ESAL Metz).
Diplômée de l’École des Beaux-arts de Metz et de la Villa Arson de Nice, j’ai participé aux ateliers d’impression de Jean-François Chevalier à Metz et de Moo Chew Wong à Nice entre 1999 et 2004 et bénéficié en 2006 d’une résidence d’artiste au Centre International Frans Masereel à Kasterlee (Belgique).