Philippe CROQ
Du 20 octobre au 7 décembre 2007 à la Galerie Raymond Banas
Extrait du texte à paraître dans le catalogue :
« Philippe Croq : peintures 2000 – 2007 »
[…] Les voici réunis, ces corps et ces visages, dans le dénuement ou la souffrance. Ils sont le plus souvent auteurs ou victimes d’une étrange barbarie. La violence semble être chez eux un point de départ ou un aboutissement. Ils sont comme écartelés, démembrés. D’autres pourtant, ni suppliciés ni monstrueux, apparaissent dans l’inaccomplissement de leur forme, tendus à l’extrême par un effort inlassable : celui d’être. Tous revendiquent par leur chair de peinture, qui est leur voix, celle que nous devons écouter en faisant taire le vacarme du monde. Tous semblent émaner du support qui les accueille, de la couleur qui les fonde, des lignes qui les distinguent.
C’est un travail énorme que de parvenir à être vu. Voilà pourquoi à tout moment ils sont en péril, luttant contre le néant, tour à tour visibles ou disparitoires dans une sorte de permanente berlue. Il faut donc que l’artiste soit le relais de cet effort.
Ici, peindre c’est prendre soin et défendre, réaffirmer l’appartenance des figures à l’humanité irréductible, fût-ce en les faisant surgir à la surface du visible à la manière bouleversante des peintures pariétales.
Plus que jamais, la peinture de Philippe Croq se donne comme morale au sens où, face au tableau, l’individu est renvoyé non seulement à lui-même mais à l’autre, avec en partage la réclamation fondamentale de l’humain.[…]
Daniel Rocchia / juin 2004