Bernard COPEAUX
Du 03 octobre au 08 novembre 2008 à la Galerie Raymond Banas
En 1980, accompagnant un ami scientifique en mission pour l’eau, Bernard Copeaux fait un séjour en Inde, suffisamment long pour se rendre compte de l’omniprésence et du caractère sacré de tout ce qui provient de la Vache.
De retour, sur le chemin de Figueras, une « galette » merveilleusement enroulée en galaxie l’a interpellé : sans doute un clin d’œil du Maître des lieux. Récoltée, la précieuse chose devient son Talisman d’atelier, présence favorable et inspiratrice puisque le 21 septembre 1997, c’est dans la haute montagne suisse, à la « Jaune Pass » que d’autres de ces vertes découvertes lui ont été révélées par centaines, étalées, s’offrant au soleil.
Depuis, ses recherches l’entrainent tout au bord de la Voie Lactée, où en explorateur sur le plancher des vaches, il collecte ce trop plein d’étoiles qui alimente ses toiles : matière sacrée, offrande des dieux généreusement dispensée à la Terre, cadeau régénérateur, source d’espoir. Cette herbe mâchée, matière « première » en évolution contient tout un potentiel de vie. Il utilise cette Matière Primordiale dans son état pur, respectant ses couleurs naturelles, changeantes selon les herbes et les fleurs qui la composent. Une récolte d’Aubrac au printemps n’a rien à voir avec celle de Lorraine en automne ou celle, sacrée de Jaisalmer.
« En Occident, la terre a passionné certains des artistes importants de l’après Deuxième guerre mondiale, soucieux de renouveler les outils de la peinture, fascinés par tout ce qui évoquait la Nature. Ainsi, Gaston Chaissac, qui se disait « peintre rustique moderne », Dubuffet, qui intitula certaines de ses séries d’images les « matériologies », Piaubert et Pillet, qui s’essayèrent à sabler leurs bas-reliefs, ou encore Fontana, Gasiorowski, Manzoni… Copeaux, quant à lui collectionne les matières au fur et à mesure de ses voyages. Il y a celle rapportée de Figueras, en 1980, déjà, parce qu’il l’avait trouvée surréaliste ; celles, suisses, sa première « récolte » – les indiennes et les autres.
Perversion ? Non ! Subversion à la rigueur. Et bien d’avantage, écologie et poésie : métamorphose et purification demeurent au cœur de chacune des pratiques qu’il met en chantier pour mieux évaluer, à l’aune de l’œuvre en devenir qui lui sert de miroir, la profondeur du mystère intime. Plus il s’enfonce, plus il s’approche du fond commun universel, fondamental, occulté par le fonctionnement des sociétés modernes.
Spéléologue en quête de l’énergie essentielle, s’il dialogue aussi intensément avec la Terre, c’est parce qu’il sait combien, sous la croûte des apparences, le magma des origines demeure en feu ; combien l’épiderme n’est que la porte du cœur ; combien, dans cette mesure, toute évolution demeure possible. Toute purification aussi. »
Françoise Monnin, Historienne d’art, Paris